Étiquette : sans tête
Ceci n’est pas un sceptre
“La disparition du conjuré”
La disparition du conjuré est naissance à une vie nouvelle, débarrassée des contraintes de l’espace et du temps.
Ils attendent qu’on les libère. Un mince filin les relie encore à la rive, mais les ponts sont depuis longtemps coupés. Et chaque soir, pour retarder le moment du retour, ils multiplient les tâches inutiles.
C’est à ce moment-là qu’on apparaît. Certains de rêver, ils se frottent les yeux, mais on est toujours là, évoluant avec une lenteur extrême, sans à-coup, comme si murs et cloisons n’existaient pas pour nous. On furète, ouvrant les tiroirs, explorant les poubelles. On passe nos mains sur les surfaces, cherchant les creux d’usure, les traces. Attentifs à tout, on n’attend rien de précis.
Ils reconnaissent notre discrétion : c’est la leur. Comme eux on courbe la tête, comme eux on marche sur la pointe des pieds. Mais notre effacement semble plénitude et notre insignifiance légèreté, quand leur vie à eux n’est qu’un perpétuel acte de présence sans joie. Toute la journée au bureau, ils disent oui, bien sûr, pardon, naviguant entre les remous, frappant de petits coups brefs sur les portes et souriant d’un air contrit. Et le soir, une fois rentré, il faut parler bas, pour ne pas déranger.
Alors ils guettent notre retour, jusqu’à l’épuisement. Et quand le sommeil les rattrape, ils rêvent d’ombres compatissantes se déplaçant sans effort et les invitant, d’un geste, à l’abandon.
Philippe Vasset, La Conjuration (éd. Fayard, 2013).
Des sommets de vassetitude, à fond dans les limites qui me sont chères…
La confusion de l’échassier
La môme néant
Quoi qu’a dit ?
— A dit rin.
Quoi qu’a fait ?
— A fait rin.
A quoi qu’a pense ?
— A pense à rin.
Pourquoi qu’a dit rin ?
Pourquoi qu’a fait rin ?
Pourquoi qu’a pense à rin ?
— A’xiste pas.
Jean Tardieu, extrait du recueil Monsieur Monsieur (1951).
Y a pas d’âge pour se réviser ce classique grinçant, ça vous met un sourire sur le vide…
Vue dégagée à composer soi-même
Mythologies domestiques
C’était comme un pilote (en photographies) pour un livre sur Paris, où les chambres d’hôtel cramoisies auraient eu la vedette. Plan foireux s’il en fut, mais j’y ai vécu deux-trois clichés lynchiens que je ne regrette pas…
Il paraîtrait que c’est un peu l’époque où rituellement je mets le feu à mon château de cartes photographiques. Certaines années j’aurais à moitié incinéré mon site (comme jadis des images en papier) genre merci continuez sans moi, d’autres années au contraire j’aurais procédé à la mise à feu fébrile d’une nouvelle fusée-vitrine (qui elle aussi finit par retomber en nuage de cendres un jour ou l’autre, hein de toutes façons). Je veux bien vous croire, je n’ai pas de souvenir net de ces choses. Oui il se peut qu’il y a 2 ans j’aie suspendu Irregular pour me coltiner quotidiennement le défi de remplir Malaxe, et puis que l’an dernier le nouveau site ait pointé son museau à cette période, engloutissant sur son passage le dédale de mes anciennes galeries. Mettons.
Cette année je ne touche pas aux murs. Par contre la manie dangereuse de faire du neuf avec du vieux ne m’a toujours pas quitté, alors voici ce que je vais mettre en place ! Sous le subtil titre Plein les fouilles, je vais poster des images anciennes jusqu’ici ignorées, de moi y compris. J’ai entamé un chantier de catalogage nouveau de mes images brutes (les négatifs, si vous voulez), je vois remonter à la surface quantité de photographies insoupçonnées et oubliées, passées un peu vite à la trappe lors d’un premier tri, qui manquait d’attention ou de pertinence. Ou simplement mes goûts ont changé. (En espérant que cette brève saga sera distrayante et ne tournera pas pas en ode à l’indécision ou à la nostalgie, s’pas…) Bref, ces fringantes revenantes je leur dis bonjour, avec mon regard de maintenant, avec ma manière de traiter/tirer qui a pu un peu changer aussi.
Parfois je gloserai un peu dessus, parfois pas, y aura juste la date de prise de vue, comme d’hab…
Les attractions nécessaires :
aujourd’hui, du monde au balcon
A petit feu
T’as du feu ?
ou Ceci n’est pas une scène
Lui ou Elle : — Alors oui, c’est quelque chose, c’est plein de pus et c’est là, je sais pas quoi ni pourquoi mais c’est dedans, rognure et vomi, mouille noire, une moule en plein midi, devenue sangsue, grenouille, infection rampante, chatte écrasée, chibre claqué, tu comprends ce que c’est maintenant, ce genre de truc quand ça décide de te sucer par l’intérieur, tu crois que c’est les vacances dans mon corps, non mais je rêve, queue de zob, boîte à foufe, non mais dis-moi, tu as vu dans quel état je suis et comme je me chie debout !? (…)
La lumière fatigue. Dieu verse un peu de fumée, la lumière repousse, et les corps. L’orchestre chante « Mon amour ».
(Extrait d’Entretiens avec la mer, de François Chaffin, texte à paraître début novembre 2014, en co-édition Théâtre du Menteur / Image Latente.)
Au menu de cette Black Variation #6 : Lire la suite
Dernières nouvelles de l’Enfer
Je vous annonçais il y a quelque temps la création de L’Enfer, cette section du site qui regroupera à terme la plupart de mes séquences photographiques. Lire la suite
Décomposition d’une fuite
Les attractions nécessaires :
aujourd’hui l’incontournable
Les devoirs de vacances :
aujourd’hui, le présent composé
Je médite divinement et je souris des êtres que je n’ai pas créés.
(Guillaume Apollinaire, Alcools.)
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Fais pas le mariole !
Pour changer un peu de Mon lieu secret. Quoique…
Un vide-grenier millésimé 2007 : quelques vues autrefois parues en ordre dispersé, d’autres pas du tout. Abandon aux combles d’une gare, vue sur l’incroyable… Fais pas le mariole !
La panne
365 fois
Non content de vous offrir mes vœux, j’ai pris au moins une bonne résolution pour cette nouvelle année.
Elle s’appelle Malaxe.
Par 365 fois, un coup d’aléatoire, un mot prétexte, une image ou plus encore… Ça joue tous les jours : Malaxe.
(Ici par contre ça va être un peu calme en 2013 : annonces d’expos et de certaines parutions mais, côté photoblogging, une clause de non-concurrence avec Malaxe s’impose !…)
[edit : juin 2013] J’ai pris la décision d’arrêter à presque mi-parcours, un peu trop de contrainte tout de même. Pas très fier de cet abandon, mais bon hein il faut savoir arrêter de malaxer avant épuisement total !