Ça a été

“Ça a été”, la formule est minimaliste et veut dire beaucoup, tout dépend de l’intonation comme de l’intention. Qu’on l’interprète comme un constat tranquille, de la photographie dans son plus simple appareil, ou comme une humeur plus subjective (réellement réjouie ou finement blasée), tout ça me va ! Il n’est même pas interdit de rafraichir les souvenirs de lecture des plus cérébraux et de retrouver là un clin d’œil au “Ça a été” de Roland Barthes, formule résumant l’essence de la photographie dans son incontournable, discutable et discuté essai La chambre claire

 
 
 
Je n’ai jamais bien aimé les best of. Extraire les créations de leur contexte (projets plus conséquents, séquences à facettes, journaux de vie…) a souvent représenté un déchirement, j’ai même préféré la cadence infernale d’une image quotidienne (à travers plusieurs expériences de photoblog aujourd’hui préhistoriques) ou rien !

Ce projet est donc une révolution culturelle à ma modeste échelle. Il prend de faux airs d’éphéméride, car j’en ai construit un volume par année écoulée, sur la période 2014 à 2023 (donc ni immédiate ni trop ancienne). En quelques dizaines d’images, chaque année de ma production récente est revisitée dans sa diversité, ses contradictions, équilibre délicat entre mon souci de restituer la couleur de cette période et mon ambition d’enfin choisir, et structurer un récit depuis mon regard actuel. Sans paroles, ce récit, et piloté par mon inconscient bien plus que par un plan rationnel.

La première forme de restitution a été de type livre, car feuilletage et double page restent des fondamentaux par lesquels j’aime rythmer une séquence photographique.

J’ai décidé d’offrir une nouvelle vie (et pourquoi pas une meilleure visibilité) à cette suite qui me tient vraiment à cœur. Sous forme de mini-films photographiques cette fois. L’image bouge, parfois vite parfois lentement, parfois carrément pas… Le cheminement reste instinctif et sans paroles, les pages tournées se réincarnent en cuts et transitions, une narration se dessine, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre par rapport à la forme initiale. Une création musicale de François Chaffin parachève l’expérimentation.

 
La version classique : 10 livrets flipbooks

Hélas non édités et imprimés pour de vrai (certains me demandent gentiment pourquoi, je vous laisse trouver), les 10 volumes de chacun une quarantaine de doubles pages existent sous une forme feuilletable à l’écran.
Les plus patientes, les plus patients iront compulser ces 10 flipbooks sur mon site d’avant. Attention, format à l’italienne et donc doublement panoramique : téléphone et tout petits écrans s’abstenir !
Ils peuvent se consulter dans n’importe quel ordre.

 
Collection d’épisodes en pdf

 

 


Des films faits de photographies et d’une bande-son originale. Pour le volet sonore, j’ai donné carte blanche à François Chaffin, compagnon de longue date au travers de sa compagnie le Théâtre du Menteur. Son goût pour une langue baroque se conjugue avec son désir de passer l’écriture à travers les filtres de l’expérimentation sonore, livrant au spectateur-auditeur un récit où le sens se révèle autant par la compréhension que par une plongée sensible au sein des univers sonores associés.
Levant un instant le nez de ses machines abracadabrantesques, il a lâché ces quelques mots d’intention : « Pour Ça a été, je collabore avec Ernesto Timor en devenant complice de ses abondances photographiques, m’inspirant et m’abreuvant de ses images pour offrir à cette détonation visuelle un paysage mélodique et rythmique, où percent les bruits du monde et autres digressions sonores… »

 

Les derniers épisodes produits sont en haut de la pile.
Objects in mirror are closer than they appear.

Avertissement de sécurité sur les rétroviseurs extérieurs dans de nombreux pays (États-Unis, Canada, Népal, Inde, Corée du Sud…)