« La vie, c’est du mouvement, c’est des soupirs… »

« La vie, c’est du mouvement, c’est des soupirs… »

Photo © Ernesto Timor - Extérieur jour
Juillet 2018, Provence. Doux comme fer.

   C’est donc tout vivant ?
   Janet l’a compris avant lui.
   Tout : bêtes, plantes, et, qui sait ? peut-être les pierres aussi.
   Alors il ne peut plus lever le doigt sans faire couler des ruisseaux de douleur ?
   L’idée monte en lui, comme un orage.
   Elle écrase toute sa raison.
   Elle fait mal. Elle hallucine.
   L’ondulation des collines déroule lentement sur l’horizon ses anneaux de serpents.
   La glèbe halète d’une aspiration légère. Une vie immense, très lente, mais terrible par sa force révélée, émeut le corps formidable de la terre, circule de mamelons en vallées, ploie la plaine, courbe les fleuves, hausse la lourde chair herbeuse. Tout à l’heure, pour se venger, elle va me soulever en plein ciel jusqu’où les alouettes perdent le souffle.
   D’un rond de bras, Gondran rafle son carnier et monte à grandes enjambées à travers la colline sans oser siffler son chien.

Jean Giono, Colline (1929).

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Certes c’est une vision provençale qui me fait penser à Giono. Mais ces derniers temps je le découvre enfin, sensuel et âpre, tellement plus profond que le folklore passéiste auquel on a pris l’habitude paresseuse de le rattacher. Tant pis pour les mots désuets et ces lourdeurs d’orages acceptés, ça touche là.