Avril 2017, Lyon. 45 mètres de frustration.
Respire.
C’est un moment où l’on ressuscite.
Je peux regarder des images, aussi facilement qu’un homme qui, pour tromper l’attente, étendu dans son lit, en espérant la venue de quelqu’un qu’il désire furieusement, écoute les brusques arrêts de l’ascenseur aux étages, espérant que c’est le bon, le sien, non, c’est au-dessus, ah, il déchiffre les bruits de métal sourds et de poulies de fer, accompagnés des coups de bélier du calorifère dans les tuyaux, tunnel de sons qui traverse l’appartement, et quelle musique ! ultrafroide, dure, répétitive, grincements + cris, et, pour se changer les idées, décide de faire défiler des souvenirs sur les vitrages de ses fenêtres, aussi facilement qu’avec une lanterne magique, ou grâce aux boîtes en bois qui permettent de regarder des photographies de verre en relief. Passe-vue mental ! Collection d’images de l’être aimé ! insiste la notice. Sur fond de plage, de rivière, de prairie, de buildings. Comme on veut. On passe la tête sans effort par le trou découpé dans le corps du marin ou du monstre de foire, on change de vie. Ça marche. Musique ! Je suis au milieu d’une machine, j’ai agrandi mon cerveau à la taille de ma chambre. Silence.
Olivier Cadiot, Un mage en été (éd. POL, 2010).