
Mon père n’a pas connu le sien. C’est comme si mon père était moi, comme si je n’avais pas connu le mien. Un père sans père se tient tranquille dans l’inconnu, dans l’anonymat. C’est à peine si son père a connu la femme, la mère de mon père, dont il a eu un fils, mon père, qu’il n’a pas reconnu, je m’y perds, dans cette phrase. C’est pourtant simple, je n’ai pas appris à faire le père, de mes enfants, j’ai quand même fait des enfants, je me suis reproduit en toute innocence.
Christian Gailly, Dit-il.
C’est le premier roman du monsieur, je viens de le découvrir, alors que j’ai lu les trois quarts de qui a suivi (et ne suivra plus, hélas). Sa patte minimaliste et amère est bien là, elle ne flirte pas encore avec la fiction transparente, ça ajoute au désespoir de tout ça. Quand même je ne peux pas lire un Christian Gailly sans en verser un peu dans l’Irregular et voir quelle image à moi va ainsi s’alléger de son propre poids et révéler son potentiel d’écho plus ou moins grinçant…
Une autre fois promis je ferai plus frais.
