Travaux personnels, galeries d'art et d'essai

La compagnie des eaux

Photo © Ernesto Timor
shot: apr 10 | printed: today | the waterworks | distant outskirts of paris

Puis en coulant je me suis fait la réflexion que ça y était, que je m’étais trompé sur cette sensation que j’avais eue à propos de la plage. Comme quoi on s’y préparait, ici. Je ne m’étais pas trompé sur le sens, je m’étais trompé sur le niveau. Le niveau de sens. Ce n’était pas une métaphore. J’allais y passer, pour de vrai.
Ce qui est bien, au fond, me disais-je. C’est pas plus mal d’en finir. En finir à cause d’une femme qui s’en va, d’une autre qu’on essaie de suivre. En finir avec les femmes, puisque c’est ça ma vie. Qui s’en va, donc. Comme les autres. Là où j’en étais, je confondais ma vie avec une femme. A ma décharge, je suffoquais. Il n’était même pas exagéré de dire que je me noyais. Le mot ne me semblait pas trop fort.
Juste un peu ridicule. Un peu vu. Mais le sens critique aussi me quittait. Peut-être qu’en mourant on devient vulgaire, me suis-je dit.

(Christian Oster, Une femme de ménage, nonobstant désopilant comme tous ses romans…)