
Quelqu’un approchait, ou peut-être un renard, une belette. Le chien, pourtant n’avait pas aboyé.
Bella Mardirossian écarta les torchons qui couvraient son corps nu et elle s’assit sur le bord du lit. Elle était en sueur. […] Et si c’était Enzo, se demanda brusquement Bella Mardirossian. Et s’il avait réussi à se reconstituer ? S’il avait trouvé le moyen de me rejoindre ?
— Enzo ? murmura-t-elle.
[…] Elle se tenait en face du paysage qu’elle ne regardait pas, en face du soleil magnifique, en face des ruines inhabitées, en face des immenses façades qui noircissaient dans le silence du matin, en face des champs de débris qui ressemblaient à une mégapole après la fin de la civilisation et même après la fin de la barbarie, en face du souvenir d’Enzo Mardirossian, en face de ce souvenir qui l’éblouissait, lui aussi. Des taches rouge brique dérivèrent sous ses paupières.
Antoine Volodine, Des anges mineurs. Fragment du treizième narrat.
