Travaux personnels, galeries d'art et d'essai

« L’eau roulait dans les rigoles »

Photo © Ernesto Timor
shot: day before yesterday | printed: today | regressive thoughts | outskirts of paris

Une image de rêve éveillé, qui veut tout et rien dire, réalisée sur les terres bétonnées de mon enfance (ce qui veut également tout et rien dire). Une petite fiction claire-obscure en véranda prolongera cette amorce, à découvrir bientôt sur Trompe-la-mort
Et comme j’aime les échos déformants, j’en profite pour vous livrer quelques lignes volodiniennes récentes, pour vous donner envie de dévorer à votre tour ces pages terribles et magnifiques…

Que ce fût vaguement ou non, Maryama devinait sans doute cette convoitise muette dont elle était l’objet, cette interrogation qui pour cible prenait une partie d’elle. Oui, elle la devinait sans doute.
Mais elle l’ignorait. (…)
Il y avait une minute suspendue, un moment pendant lequel d’anciennes images de stupre se réveillaient en moi, le souvenir d’empoignades ataviques, de vertiges et d’odeurs. Puis je détournais mon regard et je m’arrangeais pour ruminer sur des sujets moins sensibles. Sous mon crâne, le spectacle ne se prolongeait pas, ou plutôt il se muait en un en-deçà de la nostalgie, un en-deçà de la frustration et de la douleur fataliste. (…)
En résumé, je ne sais pas si l’état de la toiture jouait ou non dans l’histoire un rôle déterminant, mais la saison des pluies n’était jamais, pour Maryama et moi, une époque propice aux copulations nocturnes.

(Lutz Bassmann, Les aigles puent, extrait du chapitre Pour faire rire Maryama Koum)