Travaux personnels, galeries d'art et d'essai

Table d’orientation

Photo © Ernesto Timor
shot: yesterday | printed: today | lyon | back is beautiful

Parfois je me demande si c’est grave d’aimer tellement regarder les paysages par-dessus l’épaule des femmes. Parfois je ne me pose pas de questions et l’image se fait dans une bruissante évidence. Ici une photo matinale aux portes liquides de Lyon (réalisée en marge d’un portrait, sinon classique, du moins de face, à découvrir bientôt dans le chantier-galerie de Mon lieu secret).
Et puis un joli chuchotement pour l’accompagner. J’ai sans doute déjà cité un peu de ces Villes invisibles autrefois. Ça n’empêche pas d’y retourner. Ce sera même le texte en exergue tapi dans un repli vert bouteille du livre à venir, vous savez quoi…

Isaura, la ville aux mille puits, s’est élevée, présume-t-on, sur un profond lac souterrain. Partout où ses habitants, creusant dans la terre de longs trous verticaux, ont réussi à trouver de l’eau, jusque là et pas plus loin, la ville s’est étendue : son périmètre verdoyant répète celui des rives obscures du lac enseveli, un paysage invisible est la condition du paysage visible, tout ce qui se meut au soleil y est poussé par l’eau qui bat enfermée sous le ciel calcaire de la roche.

Italo Calvino, Les villes invisibles